L’administration Trump a reporté vendredi la suspension de la disposition dite de minimis, qui permet aux colis d’une valeur inférieure à 800 dollars d’entrer aux États-Unis sans droits de douane. Cette décision favorise les plateformes de commerce en ligne à bas prix en provenance de Chine, qui vendent divers produits, de la mode rapide aux meubles.
Le report restera en vigueur jusqu’à ce que le département du Commerce mette en place des systèmes adéquats pour traiter et collecter efficacement les revenus tarifaires, selon un décret signé vendredi.
La suppression de cette disposition aurait gravement affecté les sites chinois de commerce électronique comme Shein, Temu et AliExpress, ainsi que des plateformes comme Amazon, eBay et Etsy, qui expédient depuis la Chine.
Cette mesure faisait partie de l’annonce de Trump cette semaine concernant l’imposition de tarifs douaniers de 10 % sur toutes les importations chinoises. Avec les représailles de Pékin, ces taxes pourraient modifier les échanges commerciaux mondiaux.
Les plateformes chinoises de commerce en ligne ont bâti leur modèle économique sur cette exemption. Grâce à ces facilités douanières et fiscales, plus d’un milliard de colis à bas prix arrivent chaque année aux États-Unis, offrant aux consommateurs des articles allant des vêtements aux articles ménagers.
Un report motivé par des contraintes logistiques
Le report illustre la confrontation entre les décisions politiques de Trump et la réalité logistique, a déclaré Clark Packard, chercheur au Cato Institute, à CNN.
Des experts avaient prévenu que la suspension surchargerait les services des douanes américaines. Un rapport du Congrès indique que plus de 80 % des envois e-commerce aux États-Unis en 2022 entraient via cette exemption.
« Il faudrait beaucoup plus d’agents sur le terrain », a souligné Packard. « Actuellement, les douanes ne sont ni équipées ni capables de gérer un tel volume de colis. »
Le décret ne précise pas la durée du report.
Packard estime qu’il est impossible de prévoir combien de temps il faudra pour mettre en place un système pleinement opérationnel. D’un point de vue logistique, il faudrait au moins un an, mais ce délai pourrait aussi servir de levier dans des négociations commerciales.
Des alternatives pour contourner la suppression de l’exemption
Pour compenser la suppression de l’exonération, les entreprises peuvent agrandir leurs entrepôts aux États-Unis, a expliqué Christopher Tang, professeur de gestion de la chaîne d’approvisionnement mondiale à l’Université de Californie à Los Angeles.
Elles peuvent importer en gros via les douanes, puis redistribuer les produits sur le marché américain. Toutefois, les clients devront toujours s’acquitter des taxes à l’importation.